01/04/2008

"Cul de sac" de Douglas Kennedy

C’est l’histoire de Nick un petit journaliste, qui vit une vie assez médiocre et qui décide pendant ses congés de partir en Australie tailler la route, et ce après en avoir trouvé une vieille carte chez un bouquiniste. La rareté du réseau routier l’intrigue, et la description des paysages sublimes par les guides l’émerveille. Après s’être bourré la gueule, entre deux hoquets au-dessus des toilettes il prend sa décision : il vend sa bagnole, prend ses économies de 5 ans téléphone à son employeur pour se « décommander » et prend l’avion. Sauf que ce que Nick va vivre sera tout sauf sublime et éblouissant. D’emblée il se retrouve confronté à ce qu’on pourrait appeler communément des péquenauds, clope baveuse aux lèvres avachis devant des stripteaseuses à la chair triste. La chaleur est aussi insoutenable que la mentalité du coin. Mais Nick va tout de même prendre la route avec un beau combi qu’il achète sur place. Mais alors que sur la route déserte il s’arrête faire le plein, il tombe sur Angie, une grande fille bien charpentée, assez jolie. Il la prendra en stop. Et les emmerdes commencent. Il va se retrouver dans la quatrième dimension, et va vivre un véritable cauchemar. Je ne vous dis pas quoi, je vous laisse découvrir ce thriller par vous-même parce que c’est un régal, un petit bijou de noirceur comme on aime.

Extrait:
"A deux heures de route de Darwin, je me suis farci mon premier kangourou. Il faisait nuit noire. Et aussi noire que ça, je ne pensais pas que c’était possible. La conduite de nuit en rase campagne, je l’avais abondamment pratiquée, dans mon Maine natal, mais là…rien à voir. Et ce n’était pas un vain mot ! Pas de line, pas de lampadaires, pas de phares de bagnoles venant en sens inverse. Pas même la plus petite lueur d’étoile dans ce putain de ciel complètement bouché. Le noir absolu. Et pourtant, toutes les deux ou trois bornes, le pinceau de mes phares en faisait surgir deux points phosphorescents, à quelques dizaines de mètres devant mon pare-chocs - une paire de prunelles, qui semblaient flotter dans l’opacité du néant. Chaque fois, je sentais mes mains se crisper davantage sur le volant. Quelque chose était là, l’affût. Et la proie c’était moi.
Et puis, il y eu ce bruit écœurant contre le pare-chocs, à l’instant où je percutais un obstacle invisible. Le klaxon s’est mis à hurler en continu.
Complètement speedé à l’adrénaline, j’ai jailli du combi. J’aussi pas dû. La première chose sur laquelle j’ai posé le pied a été le corps du délit - ou plutôt, celui d’un solide kangourou, un mètre cinquante au garrot, désormais sans vie…J’ai fait un bon pour l’éviter. Ca non plus j’aurais pas dû. Le bestiau nageait dans une mare de sang et j’ai atterri en plein milieu. Mes semelles ont dérapé. Une faute de carres et je me suis reçu sur le cul. A mes quelques paires de côtes endolories, je pouvais maintenant ajouter un coccyx en marmelade. Me relever a été du sport, mais la douleur de me hisser sur mes pieds valait largement le plaisir douteux de rester vautré sur un kangourou au cou incliné à quatre-vingt-dix degrés, qui continuait à pisser le sang par les naseaux. Je me suis traîné jusqu’à la portière et, après avoir localisé ma lampe torche, je suis allé inspecter les dégâts. Ca se résumait à peu de chose : un phare kaput et un sérieux pet dans la calandre et le pare-chocs. Je m’en tirais plutôt bien, vu la réputation qu’on faisait aux kangourous-tamponneurs…J’avais dû choper le mien en plein bond et l’envoyer dinguer hors de la trajectoire du combi. Si je l’avais pris de plein fouet, l’avant du VW aurait maintenant un petit air d’accordéon bavarois…j’aurais dû m’estimer heureux, mais j’étais furax. Furax de m’être oublié à enfreindre une des règles cardinales de l’Outback : ne jamais rouler après le coucher du soleil. Tous les guides étaient pourtant clairs sur les dangers inhérents à la conduite nocturne, et insistaient lourdement sur le risque majeur que constituaient les kangourous errants. Mais tout à ma hâte d’essayer mon nouveau jouet, j’avais jeté la plus élémentaire prudence aux orties- et complètement négligé de me faire à la conduite à gauche. Moins d’une heure après être devenu l’heureux propriétaire du combi, j’avais réglé ma chambre d’hôtel, acheté quelques provisions et quitté Darwin bille en tête. Trop de précipitation nuit. J’aurais dû m’en souvenir…Encore une connerie à mon actif."

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