24/10/2006

Malevil de Robert Merle

L'histoire se déroule durant les années 70, dans le château d'Emmanuel Comte, Malevil domaine viticole et équestre, acquis après la mort de son oncle. Déjà tout petit Emmanuel jouait dans le château déserté avec ses amis "du cercle": Peyssou, Meyssonnier, et Colin. Amis encore aujourd'hui ils se rendent souvent au château pour le voir lui, mais également la Menou( l'ancienne dame de compagnie de son oncle, la menue en patois) et Momo (le fils de la Menou )qui malgré sa quarantaine d'années est comme un enfant de 10 ans...Un décors qui se dresse dans un sud ouest bien rural, où l'on parle patois en faisant son pain, où l'on a le parler franc et de petites querelles de clochers. Et puis un jour alors que tout ce petit monde ( accompagné en plus de Thomas un étudiant hébergé au château de Malevil), tire le vin dans la cave en discutant, se produit la catastrophe: une explosion nucléaire.
Malevil c'est l'histoire d'un petit groupe de survivants, qui vont réorganiser leur vie en conséquence, essayant de se protéger des pillards, des disputes internes, de leurs propres craintes, de leurs préjugés,et des hommes en mal de souveraineté. Malevil est un roman passionnant que je vous recommande chaleureusement. Par contre si vous lisez le livre, je ne vous recommande pas vraiment le film inspiré un peu trop "librement" de Christian de Chalonge avec Serrault trintignant et Dutronc. Trop de libertés...et pas franchement justifiées à mon goût. Mais en oubliant le livre c'est sans doute un bon film...

Un petit extrait pour vous donner envie:
"Nous étions tous les sept silencieux, à écouter, si je puis dire, le silence du transistor, quand éclata un tapage dont je ne puis donner une idée que par des comparaisons qui, toutes, me paraissent dérisoires: roulement de tonnerre, marteaux pneumatiques, sirènes hurleuses, avions perçant le mur du son, locomotives folles. En tout cas, quelque chose de claquant, de ferraillant, de strident, le maximum de l'aigu et le maximum du grave portés à un volume de son qui dépassait la perception. Je ne sais pas si le bruit, quand il atteint un tel paroxyse, est capable de tuer. Je crois qu'il l'aurait fait s'il avait duré. Je plaquai désespérément les mains contre mes oreilles, je me baissai, je me tassai sur moi-même et je m'aperçus que je tremblais de la tête aux pieds. Ce tremblement convulsif, j'en suis certain, était une réponse purement physiologique à une intensité dans le vacarme que l'organisme pouvait à peine supporter. Car à ce moment-là, je n'avais pas encore commencé à avoir peur. J'étais trop stupide et pantelant pour former une idée. Je ne me disais même pas que ce fracas devait être démesuré pour parvenir jusqu'à moi à travers des murs de deux mètres d'épaisseur et à un étage sous le sol.J'appuyai les mains sur mes tempes, je tremblais et j'avais l'impression que ma tête allait éclater. En même temps, des idées stupides me traversaient l'esprit. Je me demandais avec indignation qui avait renversé le contenu de mon verre que je voyais couché sur le côté à deux mètres de moi. Je me demandai aussi pourquoi MOmo était étendu à plat ventre sur les dalles, la face contre terre et la nuque recouverte de ses deux mains, et pourquoi la Menou, qui le secouait aux épaules, ourvait toute grande la bouche sans émettre un seul son..[...]La transpiration continuait à jaillir de mon front et à couler le long de mes joues, sous mes aisselles et dans mes reins. Je souffrais d'une soif intense, mes lèvres étaient sèches et ma langue collait à mon palais. Je m'aperçus au bout d'un moment que je gardais la bouche ouverte et que je haletais comme un chien, à petits coups rapides, mais sans arriver à vaincre l'impression d'étouffement que je ressentais[...]Je vis le visage de Thomas apparaitre dans le champ de vision et se préciser peu à peu. Thomas était torse nu, pâle, couvert de sueur.Il dit dans un souffle: déshabille toi. Je fus stupéfait de ne pas y avoir pensé plus tôt. j'enlevais ma chemise et mon gilet de corps. Thomas m'aida. Fort heureusement, je n'avais pas mes bottes de cheval, car même avec son aide, je ne serais pas arrivé à les retirer. Le moindre geste m'épuisait. Je m'y repris à trois fois avant d'ôter mon pantalon et je n'y réussi que grâce à Thomas. De nouveau, il approcha sa bouche de mon oreille et j'entendis:- Thermomètre...au dessus du robinet...soixante-dix degrès".

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